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Une conférence aux ambitions titanesques: Le Leader’s Dialogue on Africa Covid-19 and Climate Emergency

Ce 7 avril dernier, l’Organisation des jeunes pour l’Union européenne et africaine a eu l’honneur de prendre part au débat chaperonné par le Global Center on Adaptation sur les questions fondamentales du réchauffement climatique et de la crise sanitaire du COVID-19. Fondée en 2018, l’organisation d’origine néerlandaise s’est attelée depuis ses débuts à soutenir les régions les plus affectées par les effets néfastes du réchauffement climatique. Pour agir de façon concertée et déterminée, le Global Center on Adaptation a donc rassemblé une véritable variété d’illustres acteurs internationaux afin de trouver des réponses aux questions brûlantes de la décennie.

En effet, la conférence avait pour but d’engager un dialogue concernant un sujet tant contemporain que pressant, la lutte contre le réchauffement climatique. Cette lutte s’est malheureusement fréquemment trouvée subordonnée à un contexte politique et économique pour le moins incertain, celui de la pandémie mondiale du COVID-19. D’autant plus complexifié par la récession économique mondiale, le financement de l’adaptation climatique a été le sujet phare de la conférence.

La présentation inaugurale, effectuée par l’ancien Secrétaire Général des Nations Unies, Ban Ki-moon, a permis de donner le ton ferme et déterminé voulu par la conférence. Fervemment résolu, Ban Ki-moon a ainsi su exposer avec clarté le besoin d’adapter la lutte contre le réchauffement climatique aux réalités territoriales et locales. L’homme a par ailleurs rappelé les 17 objectifs de développement durable fixé par l’Organisation des Nations Unies pour 2030 et le potentiel transformateur qu’il leur accorde. Soulignant le rôle crucial que doivent jouer l’ONU et les responsables politiques dans cette démarche, l’ancien Secrétaire Général a mis en exergue l’urgence de la crise climatique et les dégâts déjà bien visibles qu’elle engendre sur le continent africain. Conscient des conséquences et risques futurs de cette catastrophe internationale, Ban Ki-moon a donc présenté la mesure phare portée par la conférence, le programme d’accélération de l’adaptation climatique en Afrique ou African Adaptation Acceleration Programme.

Ce projet, proposé et porté par la Banque Africaine de développement, a été défini par son Président, Akiwumi Asedina, comme étant un mécanisme d’implémentation de nouvelles stratégies, initiatives et mesures permettant de lutter efficacement contre le réchauffement climatique sur le continent africain.

L’Afrique constitue en effet une des régions les plus impactées par la crise climatique, malgré le fait que le continent soit dans les plus bas émetteurs de carbone. Des 12 pays les plus susceptibles de connaître des sécheresses dans le monde, 10 se trouvent en Afrique. De plus, comme l’a rappelé Akiwumi Asedina, le pourcentage d’années durant lesquelles les sécheresses ont impacté les vies de plus de deux millions de personnes en Afrique a augmenté de 20% à 90% au cours de ces dernières années. Le programme d’accélération de l’adaptation climatique en Afrique s’impose donc comme une nécessité, dans la mesure où les coûts d’adaptation climatique en Afrique atteindront 20 milliards de dollars par an dès 2040 selon le Fonds Monétaire International. Compromise par les conséquences économiques du réchauffement climatique, la reprise économique en Afrique semble ainsi nécessiter un effort collectif.

Et c’est précisément pour pallier cet effet néfaste que le programme d’accélération de l’adaptation climatique en Afrique s’accompagnera d’un financement d’une hauteur de 25 milliards de dollars sur la période 2020-2025, une aide économique qui se révélera précieuse pour de nombreux pays africains. Cette aide permettra ainsi d’aider directement plus de 30 millions d’agriculteurs africains, de mobiliser des ressources pour le secteur privé tout en supportant la création d’emplois ‘verts’ dans le secteur de l’adaptation climatique pour plus d’un million de jeunes.

De surcroît, les acteurs institutionnels ne sont pas les seuls à avoir témoigné de leur dévouement pour la cause environnementale. En effet, de nombreux acteurs politiques se sont prononcés en faveur d’une action plus marquée dans la lutte contre le changement climatique. Les Présidents du Kenya, d’Afrique du Sud et du Gabon ont donc successivement appelé à un effort de solidarité dans la lutte contre les effets dévastateurs du changement climatique, ainsi qu’une allocation de ressources provenant des pays développés. Se fondant sur les demandes de ses homologues, le Président du Niger, Sem Mohamed Bazoum, a rappelé la promesse des pays développés, lors des Accords de Paris, de fournir 100 milliards de dollars annuellement pour financer les initiatives de développement des pays en voie de développement. Et comme l’a réaffirmé Kristalina Georgieva, Directrice Générale du Fonds Monétaire International, ‘si nous avons appris une chose de cette crise, c’est l’importance de la solidarité et de la coopération dans notre monde interconnecté.’

Un message similaire a été porté par Antonio Guterres, actuel Secrétaire Général des Nations Unies. Ce dernier a rappelé la conclusion de la Commission Globale pour l’Adaptation, qui a trouvé que de chaque dollar investi dans l’adaptation climatique en découlait 4 en bénéfices. Mais, au-delà de la simple adaptation climatique, l’homme politique a accentué le besoin de combattre le réchauffement climatique de front, sous peine de ne pas atteindre l’objectif d’Émission Zéro, fixé pour 2050 par les Nations Unies. C’est dans cet esprit que les propositions de l’administration kenyane concernant une stratégie de long-terme visant à réduire l’émission de gaz à effet de serre, ou l’initiative gabonaise intitulée Africa Adaptation Initiative ont été si bien accueillies.

Enfin, le mot de clôture a été laissé à Betty Bonsu, représentante de la Green Africa Youth Organisation, qui a mis en lumière l’importance de la jeunesse dans cette entreprise internationale. Marquant la passion de la jeunesse africaine, cette dernière a su démontrer le rôle que la jeunesse pouvait jouer dans une crise qui l’affectera personnellement dans les décennies à venir.

Multipliant les intervenants déterminés, cette conférence laisse donc de grands espoirs concernant une action coordonnée contre le réchauffement climatique. La pandémie mondiale a été en effet l’opportunité pour de nombreux dirigeants d’institutions politiques et économiques de repenser leur approche à l’écologie et l’environnement. L’Organisation des jeunes pour l’Union européenne et africaine se réjouit de la détermination dont ont fait preuve les différents intervenants sur ce qui semble être la question du XXIème siècle. Nous réaffirmons notre soutien et engagement à la cause climatique, si bien défendue par les différents intervenants. Notre organisation réaffirme également son soutien à l’Organisation des Nations Unies ainsi qu’au Global Center on Adaptation, pour lesquels nous nous tenons à disposition en ce qui concerne leurs initiatives impliquant la jeunesse. Liant aspirations africaines et mondiales, la conférence peut se vanter d’être ambitieuse. Cependant, face à l’ampleur des dégâts infligés à la planète, et le manque de résultats face aux initiatives prises par les chefs d’État du monde entier, la question reste en suspens : cela sera-t-il suffisant ?

Valentin BOSSHARD