Pour la quatrième session des apéros diplomatiques par les jeunes le 21 juin, nous avons été chaleureusement reçus par Madame Marianne THERRE-MANO, Consule générale d’Allemagne à Strasbourg. En semi-présentiel, cette rencontre avait pour thème « La coopération franco-allemande, entre challenges et nouvelles opportunités : les régions transfrontalières comme laboratoire de l’Europe ».
Nous avons dans un premier temps abordé la relation franco-allemande au prisme de la crise sanitaire européenne. En effet, les contrôles aux frontières redevenus monnaie courante en fonction de l’évolution de la transmission du virus, nous nous sommes demandés quelles alternatives avaient pu être mises en place pour préserver l’amitié franco-allemande.
Madame la Consule nous a expliqué que lors de la 1ère vague, la fermeture des frontières avait été particulièrement brutale mais que la question des activités professionnelles transfrontalières avait été vite résolue. Cependant, Berlin avait pu négliger les déplacements de particuliers aux frontières. Cela n’a pas été le cas pour les 2ème et 3ème vagues lors desquelles les échanges locaux et régionaux ont pu être maintenus sous conditions avec pour objectif la limitation maximale des conséquences négatives qu’ils engendreraient. Toutes ces décisions furent le résultat d’une coopération franco-allemande active et constructive.
Cela nous a amené à questionner Madame la Consule sur l’existence d’une potentielle nouvelle forme de bilatéralisme de ces échanges franco-allemands.
Les échanges d’une grande fréquence ont permis d’inclure toujours plus de représentants lors des multiples réunions sanitaires : préfet, région, secrétaire d’Etat strasbourgeois, représentant du Baden-Württemberg. Il y a une réelle systématisation de ces contacts ainsi qu’une volonté d’élargir cette progression. Madame Marianne Therre-Mano nous a rappelé sa vision de la construction européenne à cette occasion « L’Europe se construit lors des crises. », nous évoquant la vision de Jean Monnet et sa célèbre phrase « L’Europe se fera dans les crises et elle sera la somme des solutions apportées à ces crises. ».
Nous avons ensuite abordé un autre des grands défis de notre siècle à savoir les enjeux climatiques à l’aune de la coopération franco-allemande. A l’heure où nous écrivons ces quelques mots, notre soutien va directement à toutes les victimes des inondations en Europe.
La question de la mobilisation de la jeunesse pour le climat a été le premier point que nous avons souhaité étudier. En Allemagne ce qui se dit sur la nouvelle génération politique est « Nicht politik interessiert », la jeunesse est déconnectée du monde politique actuel. Il est cependant possible d’observer des élans de coopération entre les jeunesses française et allemande avec par exemple un mouvement franco-allemand pour le climat coordonné par les citoyens des deux pays. Pour Madame Marianne Therre-Mano, la promiscuité géographique amène des compromis intéressants pour le reste de l’Europe.
Est venu le moment de s’interroger sur le développement des réseaux de transport au regard de l’entente franco-allemande pour la préservation de l’environnement. Madame la Consule a pu nous éclairer sur le sujet.
En effet, plusieurs initiatives pour le développement du transport durable peuvent s’étendre en tant que mobilité alternative dans cette région transfrontalière. Les régions d’Alsace et du Baden-Württemberg sont en quelque sorte un laboratoire du progrès dans ces domaines. Parmi les projets en développement, nous retrouvons celui de pistes cyclables à grande échelle semblables à l’autoroute à vélo de Fribourg ou encore la réhabilitation des lignes ferroviaires entre les villes de tailles régionales (ex : Haguenau/Karlsruhe), abandonnées pour raisons économiques. Le transport à hydrogène se déploie actuellement dans la Sarre et serait un formidable pont pour la coopération franco-allemande. Pour plus d’informations, n’hésitez pas à consulter ici notre dossier sur l’année européenne du rail.
Enfin, nous nous sommes penchés avec Madame la Consule sur la diplomatie allemande à Strasbourg et sa mise en valeur de l’Europe des territoires. Cet intérêt pour l’Europe des territoires faisait écho à notre célébration de la journée de l’Europe le 9 mai où nous nous étions rendus dans un village alsacien (compte rendu disponible ici).
A propos des opportunités pour les collectivités locales dans la coopération transfrontalière, celle-ci est possible à plusieurs niveaux. Tout d’abord on peut se rendre compte de l’existence de l’Europe des territoires par la création de la Communauté Européenne d’Alsace ou par le jumelage entre les villes (ex : Strasbourg-Stuttgart). Pour ce qui est de la coopération au niveau communal, celle-ci est en plein essor. Cela est dû à la proximité directe entre les localités et les citoyens. L’intégration des communes au sein des réunions avec les autres échelles de décision a donc pu être une étape importante de cette coopération transfrontalière.
Finalement, il n’y a eu que peu de difficultés de coopération entre l’Etat plus centralisé français et l’Etat allemand plus décentralisé car une méthode efficace a été trouvée : la formation de couples professionnels/homologues. Cette forme de coopération limite l’impact des différences d’organisation administrative entre les deux pays.
Enfin, pour les questions d’éducation et de formation, les relations franco-allemandes sur le sujet font partie des plus anciennes. La coopération universitaire franco-allemande représente des échanges entre 330 sites universitaire en plus du European campus qui regroupe de nombreuses localités et qui vise à créer une base scientifique universitaire communes. L’identité universitaire créée a pour objectif de toucher autant les étudiants que les professeurs. Enfin, une coopération existe entre les deux pays pour intéresser la jeunesse de chaque nation à celle de l’autre par l’anglais mais aussi par les langues nationales frontalière voire les dialectes.
C’est sur ces derniers mots que se sont conclus nos échanges directs avec Madame la Consule pour laisse place aux questions du public. Nous remercions le Consulat général d’Allemagne à Strasbourg de nous avoir permis de nous réunir pour aborder ces sujets aussi importants en ces temps de crise sanitaire. Ce sont ce genre d’expériences qui permettent à la jeunesse des deux continents de découvrir toutes les formes de coopération existantes et qui peuvent, à terme, inspirer les futures coopérations entre les Etats au niveau européen ou africain.
Ce compte rendu a été rédigé par Monsieur Benjamin TOUSSAINT, Directeur des relations avec les institutions européennes à l’OJUEA.