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Compte-rendu de la réunion publique avec Mme. Amélie DE MONTCHALIN, Secrétaire d’Etat aux affaires européennes

Bibliothèque nationale universitaire (BNU) de Strasbourg, le 14 juin 2019

Notre organisation a eu le privilège d’assister à la réunion publique de Mme. Amélie DE MONTCHALIN, Secrétaire d’Etat aux affaires européennes du gouvernement PHILLIPE II, le 14 juin 2019 à la BNU de Strasbourg. Etaient également présents : Madame la Députée européenne Fabienne KELLER, Monsieur le Président de la région Grand Est Jean ROTTNER, Mme. la Rectrice d’académie Sophie BEJEAN, M. le Préfet Jean-Luc MARX, M. l’Administrateur de la BNU Alain COLAS et M. Bruno SAUVAGET, responsable de la sécurité de la BNU.


Aux côtés d’étudiants, de représentants d’associations et de badauds, nous avons pu construire un dialogue enrichissant et fructueux grâce à un jeu de questions-réponses. Voici un compte-rendu des éléments que nous avons jugés les plus pertinents[1].

Thèmes soulevés par notre organisation

Demande d’éclaircissement sur la signification de l’expression « Un capitalisme devenu fou » prononcée par M. le Président de la République Emmanuel Macron[2], ainsi que sur ses implications européennes.

Réponse (paraphrasée) de Mme. la Secrétaire d’Etat :

            M. Emmanuel Macron a voulu faire référence à la destruction des ressources environnementales ainsi qu’au mal-être social que l’on peut observer aujourd’hui. Pour le gouvernement, il est important de former les futurs actifs en fonction des besoins de l’économie, afin de répondre aux pénuries de qualifications auxquelles nous faisons face. Il est important de valoriser l’économie circulaire ainsi que la formation des jeunes (qui peut se faire à l’OIT). En effet, le travail ne doit plus être une servitude mais une richesse. Au niveau européen, c’est par exemple le Fond social européen (FSE)[3] qui permet d’aider les quartiers populaires ou les jeunes défavorisés. L’Union Européenne doit aussi renforcer sa voix dans la signature des accords commerciaux. Elle souhaite en effet faire en sorte que l’on ne commerce plus avec les pays qui sont hors de l’accord de Paris sur le climat[4]. Au niveau social, M. Emmanuel Macron et le gouvernement soutiennent l’idée d’un salaire plancher européen, qui serait calculé sur la base de la moitié du salaire médian de chaque pays.

En rebondissant sur la volonté de mettre en place un salaire-plancher européen, demande d’avis sur l’avenir de la coopération franco-allemande sur les thèmes européens, dans une Allemagne post-Merkel, avec peut -être Mme Annegret Kramp-Karrenbaueur (qui ne partage pas la même vision de l’intégration européenne que M. Macron[5], notamment sur l’imposition d’un salaire-plancher européen) à sa tête

Réponse (paraphrasée) de Mme. la Secrétaire d’Etat :

            Le système politique allemand ne fonctionne pas de la même manière que le français. Alors qu’en France, nous avons fait le choix d’une certaine verticalité présidentielle dans la prise de décision, en Allemagne, c’est le Bundestag qui détient le plus de pouvoir. Ainsi, même si Mme. Annegret Kramp-Karrenbaueur (AKK) semble s’opposer à Emmanuel Macron dans son discours, la réalité est que l’Allemagne sera certainement du même avis que la France, mais prendra en effet plus de temps à répondre. En général, s’il y a friction entre l’Allemagne et la France, c’est parce que la culture allemande du compromis crée des délais de réponse plus longs que ce que l’impatience française souhaiterais, mais pas à cause d’une divergence de vision. Par exemple, la France a rapidement adopté l’objectif 0 Carbone dans l’Union à l’horizon 2050, tandis que l’Allemagne prendra 2 à 3 mois pour répondre, ce qui est un temps long pour les Français.

Thèmes soulevés par M. le Président des Jeunes européens[6]

Demande d’avis sur la subsistance du budget jeunesse du Conseil de l’Europe (CdE) alors que nous faisons face à une crise de la contribution russe et turque au budget du Conseil

Réponse (paraphrasée) de Mme. la Secrétaire d’Etat :

            Des efforts diplomatiques ont été fournis en direction de l’Ukraine, de la Russie, etc. Aujourd’hui, on peut avoir l’espoir que cette crise de financement se résoudra.

Considérant que les négociations d’adhésion à l’Union Européenne prennent entre dix et quinze ans, demande d’avis sur la possibilité d’accélération de l’adhésion de la Macédoine et de l’Albanie, au regard de leur motivation et des efforts qu’ils ont fournis ces dernières années.

Réponse (paraphrasée) de Mme. la Secrétaire d’Etat :

            Emmanuel Macron n’est pas pour une adhésion actuelle de la Macédoine, de l’Albanie et de manière générale, des pays des Balkans. L’Elargissement est en effet un processus avant tout juridique : les pays doivent répondre à plus de 6000 questions. L’Elargissement et cette réponse juridique sont justement parfois une mauvaise réponse aux problèmes de ces pays, qui ont besoin d’infrastructures, d’écoles, etc. Pour cause, ils font face à une grande diaspora de leurs jeunes talentueux, qui ne voient pas de possibilité d’avenir dans leur pays. Alors, il faut offrir plus que des discussions juridiques sur l’Elargissement aux Balkans, pour répondre à leurs attentes légitimes de soutien économique, culturel, etc.

Autres éléments de réponse à des questions diverses

Mme. la Secrétaire d’Etat considère qu’il y a une « Rupture dans la convergence » économique entre les pays d’Europe de l’Est et de l’Ouest. En effet, le rattrapage économique de l’Europe de l’Est est aujourd’hui ralenti, ce qui pourrait faire penser à une rupture géographique entre l’Europe occidentale et l’Europe orientale.

Mme. de Montchalin pense également que la meilleure réponse à apporter à la méconnaissance des citoyens de l’Union Européenne n’est pas une connaissance approfondie du fonctionnement des institutions européennes, mais une conscience des actions concrètes de l’Union[7]. Elle rappelle en effet qu’après d’âpres négociations au niveau européen, un label « bio » standardisé à tous les pays de l’Union sera mis en place à l’aune du 1er janvier 2021. Elle se désole toutefois de voir que les gens ne sauront pas que c’est l’Union européenne qui aura mis cette mesure en place, alors même qu’ils bénéficieront de ce label unifié. De même, elle prévoit que ce phénomène aura certainement lieu pour l’interdiction européenne de distribuer des couvertes jetables dans les cantines, en vigueur à cette même date.

            Nous remercions Mme. la Secrétaire d’Etat pour son ouverture, son engagement au service d’une cause qui nous est chère et ses grandes qualités pédagogiques. Nous remercions également Mme. Fabienne KELLER et Mme. Sophie BEJEAN, avec qui nous avons pu nous entretenir à la fin de la rencontre. Un grand merci également à l’administration de la BNU qui a permis cette rencontre. Enfin, une pensée à tous les participants de cette rencontre, notamment à M. Théophile PIQUEMAL-TABOU, qui nous a invité à cet évènement.

  • David ANTONI,
  • Chargé des affaires européennes,
  • Organisation des jeunes pour l’Union Européenne et Africaine,
  • 14 juin 2019.
  • davidinotna@gmail.com

[1] N’ayant pas enregistré l’échange, nous avons paraphrasés les questions de l’assemblée et les réponses de Mme. de Montchalin

[2] 11 juin 2019, devant l’Organisation internationale du travail (OIT) à Genève : https://www.youtube.com/watch?v=X4a8Uo1Sh0k

[3] Voir notre rapport sur l’évaluation des effets du FSE (à venir)

[4] Texte de l’accord : unfccc.int/resource/docs/2015/cop21/fre/l09f.pdf

[5] https://www.cdu.de/artikel/faisons-leurope-comme-il-faut-getting-europe-right (version française), https://www.cdu.de/artikel/europa-richtig-machen-getting-europe-right (version originale en allemand)

[6] Site de leur association : http://www.jeunes-europeens.org/

[7] Voir notre rapport sur les Capitales européennes de la culture, section 1.1. : https://ec.europa.eu/info/law/better-regulation/initiatives/ares-2019-3143701/feedback/F464120_fr?p_id=5526140&fbclid=IwAR3DRbB5wBJxFKsnUf7pP_VLdZ7rYItUkj5SruRYPk6oCVdc9pmMLRTqQ7I