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Le salon de beauté qui a embrasé le Sénégal

La société sénégalaise a vécu des mois de février-mars particulièrement agités. Tout est parti d’une histoire de mœurs qui a très vite été politisée. En effet, les médias vont traiter en boucle de cette affaire, mais aussi vont servir de tribune aux acteurs politiques, du pouvoir comme de l’opposition, qui vont se donner en spectacle sur les plateaux de télévision notamment.

ACCUSATIONS

Dans une plainte déposée à la section de recherche de la Gendarmerie enregistrée en date du 03 février 2021, et qui a été diffusée dans les réseaux sociaux, la dame Adji SARR employée dans le salon de beauté dénommé SWEET BEAUTY, raconte avoir plusieurs fois été victime d’abus sexuels de la part du député Ousmane SONKO, leader du parti PASTEF-LES PATRIOTES. « Monsieur Ousmane SONKO se présente régulièrement en qualité de client pour des séances de massage, mais à la fin il exige toujours des faveurs sexuelles. Devant mon refus d’assouvir ses pulsions, il m’a un jour étranglé et contrainte à avoir des rapports sexuels avec lui. Confuse et prise de honte, j’ai voulu garder le silence sur cet acte mortifiant, en espérant que cela ne se reproduise pas », détaille Adji SARR dans sa plainte. La plaignante poursuit en ces termes : « Mal m’en a pris puisqu’il revient régulièrement et me contraint d’avoir des relations sexuelles avec lui. Et cela sous la menace de me faire disparaître de la surface de la Terre compte tenu de sa toute-puissance et sa position dans le pays ». Toujours selon Adji SARR : « Il m’indique que personne ne pourra me croire si je raconte les faits. Et que dans tous les cas je serais morte avant de pouvoir le faire ». 

CONTRE-ACCUSATIONS

En politique averti, le sieur SONKO organise la riposte par des points de presse. Ainsi, on a pu l’entendre dire : « Aucun homme politique n’a jamais été autant diffamé, calomnié et persécuté en si peu de temps. Et c’est révélateur de leurs tentatives de déstabilisation, aussi inlassables que vaines ».  « Nous savions qu’après les liquidations politiques de Khalifa SALL et Karim WADE (deux opposants ), le nouvel attelage du Chef de l’État n’avait qu’une mission : liquider politiquement le député Ousmane SONKO à tout prix avant 2024, y compris en manipulant des individus pour une besogne aussi abjecte. Depuis des mois, des amis, y compris de l’intérieur, n’ont cessé de m’alerter sur un complot à venir portant sur des questions de mœurs, puisque tous les autres avaient lamentablement échoué », dénonce-t-il.

ENTRÉE DANS LA DANSE DE L’ASSEMBLÉE NATIONALE

Face à la convocation de la Gendarmerie, le député brandit son immunité parlementaire et dit ne pas y déférer.

C’est alors que la majorité au parlementaire acquise à la cause du Président de la République Macky SALL enclenche, avec beaucoup de célérité, la procédure de levée de l’immunité parlementaire du mis en cause, suite à une saisie du Ministre de la Justice. La levée de l’immunité parlementaire du député Ousmane SONKO étant  jugée illégale par les députés de l’opposition, ceux-ci  déposent un recours en annulation devant Conseil Constitutionnel, mais se voient déboutés.

TRANSPOSITION DU BRAS DE FER SUR LE TERRAIN POLITIQUE

Ousmane SONKO juge illégale la procédure de levée de son immunité parlementaire et récuse le juge en charge de son dossier en l’accusant d’être partial.

Il décide malgré tout de répondre à la convocation du juge tout en lançant, à ses militants, un appel à la mobilisation. 

Un premier face-à-face tendu avec les forces de l’ordre a lieu lorsque, se rendant au tribunal, une foule immense accompagne le leader politique en empruntant un itinéraire que le Préfet de Dakar souhaite modifier.

Placé en garde à vue, l’homme politique Ousmane SONKO se voit notifier, par le procureur de la République, les délits de participation à une manifestation non autorisée et troubles à l’ordre public. 

C’est alors qu’éclatent des manifestations violentes à Dakar puis dans les autres régions du Sénégal avec un lourd bilan humain (une dizaine de morts et des centaines de blessés) et matériel (saccages d’institutions et pillage de commerces).

LES LEÇONS

Au-delà du soutien à l’homme politique Ousmane SONKO, ces manifestations traduisent surtout un ras-le-bol généralisé de la population (les jeunes en particulier) dont la crise de COVID-19 depuis plus d’un an a accru le chômage et la précarité.

POUR FINIR

L’accusé Ousmane SONKO, auditionné par le juge, a été inculpé et placé sous contrôle judiciaire.

Dans un discours, le président de la République dit comprendre les jeunes qui ont manifesté.

Les confréries religieuses ont aussi appelé à l’apaisement.

Il semble donc que le calme soit revenu et l’affaire suit son cours judiciaire, car en définitive, les Sénégalais ont foi quant aux compétences des magistrats.

Equipe de l’Organisation des Jeunes pour l’Union Européenne et Africaine au Sénégal.

 Dakar, le 20 mars 2021