Skip links

L’OJUEA à l’EG « La Jeunesse Africaine face au Réchauffement Climatique »

Les questions environnementales sont une préoccupation majeure pour notre génération et, la situation de l’Afrique est bien particulière. En effet, bien que les États africains soient les plus faibles émetteurs de gaz à effet de serre car ils produisent moins de 4% des émissions mondiales, ils sont les premières victimes des conséquences directes et dévastatrices du réchauffement climatique. Depuis plusieurs années, le continent est ravagé par des catastrophes naturelles et des phénomènes climatiques extrêmes qui s’intensifient en raison de la dégradation de l’environnement. Cette forte vulnérabilité de l’Afrique est due à sa situation géographique mais également à une forte dépendance à l’égard de secteurs tributaires du climat, comme l’agriculture.

Les populations locales souffrent de la diminution des ressources naturelles, de l’assèchement des lacs et de l’allongement des périodes de sécheresse qui font chuter les rendements agricoles et mettent en péril la sécurité alimentaire. D’autre part, l’épuisement des ressources et la raréfaction de l’eau ont entraîné une augmentation des flux migratoires qui exacerbe les tensions et intensifie le risque de conflits armés dans certaines régions telles que le Sahel ou la région des Grands Lacs à l’Est du continent. Ainsi, les répercussions du dérèglement climatique génèrent une instabilité politique qui soulève également des questions de sécurité internationale.

Cependant, l’Afrique est un continent qui regroupe de multiples réalités différentes et il est ainsi difficile de faire des recommandations générales. Il est primordial de ne pas déterminer des stratégies à l’échelle continentale car chaque pays a ses propres atouts, spécificités et défis. Par exemple, le Nigéria s’est hissé en tant que première puissance économique africaine car c’est un important producteur de pétrole, ce qui implique de lourds impacts nuisibles aux écosystèmes. L’hétérogénéité de l’Afrique réside dans la variété de ressources naturelles, de systèmes politiques (régimes démocratiques ou autoritaires, niveaux de corruption variables), de niveau de développement économique (pays à revenu faible, intermédiaire ou élevé).

OJUEA – Comité Afrique 2022 de l’École de Guerre « La Jeunesse Africaine face au Réchauffement Climatique »

En Afrique, la croissance économique reste vitale afin de mettre fin à l’extrême pauvreté, répondre aux besoins d’une population qui croît rapidement et améliorer les taux d’alphabétisation et d’éducation. Cependant, ce développement ne doit pas se faire au détriment de l’environnement. Tout l’enjeu réside ainsi dans la mise en place de politiques publiques qui favorisent le développement du continent tout en limitant les effets sur la planète. Aujourd’hui nous avons décidé de nous focaliser sur le secteur énergétique car il peut être encadré par des politiques environnementales strictes sans pour autant entraver la croissance. Le déploiement des énergies renouvelables permettrait aux pays africains de diminuer leurs émissions de CO2 et réduire la pollution de l’air mais également de devenir quasiment indépendants en termes de production d’énergie.

I. CONCEVOIR LA TRANSITION ÉNERGÉTIQUE POUR CONCILIER CROISSANCE ÉCONOMIQUE ET DÉVELOPPEMENT DURABLE EN AFRIQUE

Le terme de transition est important car il montre qu’il y a un processus de transformation intense en Afrique du système de production, de distribution et de consommation d’énergie effectuées sur un territoire dans le but de le rendre plus écologique. Cependant, ce processus reste disparate et est à l’œuvre de manière inégale dans les différents États africains. Une transition énergétique rapide s’impose sur le continent afin de favoriser un véritable développement, l’éradication de la pauvreté et la réduction des inégalités, d’une manière durable et respectueuse du climat.

L’Afrique regorge de sources d’énergie renouvelables susceptibles de répondre à tous les besoins en énergie : hydroélectricité, l’éolien et le solaire avec l’installation de panneaux photovoltaïques. Par exemple, plus d’un tiers de l’électricité du Maroc est déjà renouvelable, grâce à la centrale solaire de Noor Ouarzazate, le plus grand parc solaire concentré du monde.
Le continent bénéficie également de précieuses réserves de gaz naturel notamment au Nigeria, en Algérie, en Égypte, ou encore en Libye, facilitant dans un premier temps la transition énergétique rapide vers les énergies renouvelables tout en limitant les émissions de gaz à effet de serre.

Les défis

L’Afrique est actuellement fortement dépendante des combustibles fossiles (pétrole, gaz naturel, charbon) pour sa production d’électricité et sa consommation d’énergie domestique. Au niveau mondial, la production de gaz naturel de l’Afrique en 2017 ne représente que 6,1 % de la production totale, dont 53 % sont exportés hors du continent. L’Afrique subsaharienne a le taux d’électrification le plus faible au monde, avec un taux d’accès moyen de 40 %, quelques pays seulement se situant au- dessus de 50 %. C’est pourquoi la plupart des pays subsahariens dépendent encore fortement de la biomasse traditionnelle – bois de feu et charbon de bois – pour répondre aux besoins des ménages comme en cuisine. En conséquence, de nombreux ménages sont exposés à la fumée provenant de la combustion de biomasse, engendrant une pollution intérieure avec des conséquences graves pour la santé de ses habitants.

OJUEA – Comité Afrique 2022 de l’École de Guerre « La Jeunesse Africaine face au Réchauffement Climatique »

Les objectifs

Quelques objectifs concrets et ancrés dans la réalité locale des États présentés par la Commission Africaine de l’Energie :

Développer les infrastructures énergétiques pour stimuler la croissance économique et favoriser le développement social dans tous les secteurs.

Exemple du secteur agricole en Afrique subsaharienne :
L’agriculture représente la principale source de revenus en Afrique sub rural, or cette dernière ne représente que 3% de la consommation d’électricité au total. L’installation d’infrastructures – systèmes d’irrigation à énergie solaire, matériel agricole, systèmes de stockage réfrigéré et/ ou à sec, transformation et transport des aliments – est un levier du développement économique important car une augmentation de 1 % de la production agricole permettrait de sortir 0,41 % de la population de la pauvreté. L’augmentation de la production favorisera de surcroît, une meilleure nutrition de la population et une augmentation des revenus.

Encourager l’entreprenariat et les initiatives de la jeunesse

II. L’IMPORTANCE DE LA JEUNESSE AFRICAINE EN TANT QU’ACTEURS MAJEURS DE LA TRANSITION ÉNERGÉTIQUE

Une industrialisation du continent africain comme le veulent les décideurs ne peut-être optimaux qu’à travers la considération du dérèglement climatique et de la jeunesse. Or, une industrialisation menée avec la transition énergétique est propice a non seulement un impact positif écologique, mais également à créer de l’emploi en particulier pour les jeunes. Cela permettrait d’améliorer certaines problématiques majeures qui touchent la jeunesse africaine comme le taux de chômage élevé et la pauvreté. Selon l’AFD, plus de la moitié de la population africaine aura moins de 25 ans d’ici 2050, et, nous pouvons voir à travers l’industrialisation par la transition énergétique une réelle opportunité pour la jeunesse, des solutions pragmatiques et de l’espoir pour un meilleur développement économique, social et soucieux de l’environnement au sein du continent africain.

OJUEA – Comité Afrique 2022 de l’École de Guerre « La Jeunesse Africaine face au Réchauffement Climatique »

Toutefois, il est important de noter que les initiatives pour la construction d’infrastructures et les financements sont nombreux. Nous avons par exemple la Banque Africaine de Développement qui créait des partenariats avec des sociétés africaines comme le Sustainable Energy Fund Africa qui sont financés par de nombreux investisseurs privés. Cependant ces investissements privés ont pour conséquence une répartition inéquitable des financements sur le territoire. La plupart des investissements se retrouvent dans des pays en plein essor comme l’Afrique du Sud au détriment de pays moins avancés dans la transition énergétique et dans les milieux urbains au détriment des milieux ruraux.

Récemment, nous avons découvert le cas d’une jeune entrepreneuse sud-africaine, un des membres-fondateurs de Pele Green Group, une entreprise qui fabrique des semi-conducteurs pour les énergies renouvelables. Elle a partagé avec les Nations Unies les difficultés auxquelles elle a dû faire face avec son entreprise lorsque tous leurs appels d’offres ont échoué. Elle le dit elle-même, “tout ce que nous avons, nous l’avons obtenu à la sueur de notre front”. Malgré tout, cette entrepreneuse s’est accrochée à sa volonté de contribuer au développement des communautés et a finalement réussi à fournir de l’électricité à 110 collectivités rurales en 2017. Cet exemple montre que s’affranchir des entreprises étrangères est essentiel pour la jeunesse africaine, car l’entrepreneuriat local dynamise l’emploi des jeunes africains et apporte des solutions adaptées aux différents espaces géographiques et aux différentes communautés présentes sur le territoire. C’est pour cela qu’au sein l’OJUEA, nous invitons les jeunes à entreprendre dans le secteur des énergies vertes et donc à créer des opportunités. Cependant, certains efforts restent à faire car plusieurs jeunes entrepreneurs nous ont fait part des difficultés d’accès à l’information malgré leur volonté d’entreprendre à l’occasion d’événements organisés par l’OJUEA, tels que les REA (les Rencontres Europe – Afrique).

Enfin, nous voulions souligner le rôle crucial des ONG et des associations dans cette transition énergétique soutenue par les jeunes. Comme les jeunes d’Europe et d’Afrique ont pu nous en faire part lors du sommet des jeunes pour l’UE et l’UA à Paris en février 2022, la jeunesse a la volonté de s’engager et d’investir, cependant il faut leur permettre de rassembler leurs forces afin de créer des opportunités communes. En effet, lors de notre déplacement dans les régions du Sahara en novembre 2021, nous avons pu visiter le Centre Régional d’Investissement de Dakhla et de Laâyoune qui ont souligné leur soutien financier aux jeunes entrepreneurs dans le secteur des énergies renouvelables.

Ainsi, promouvoir l’entreprenariat pour permettre à la jeunesse de s’investir dans la transition énergétique ainsi que de porter leur voix jusqu’au institutions grâce aux organisations comme l’OJUEA permet non seulement de garantir une transition énergétique socialement juste et plus équitable sur le territoire mais également d’assurer un statut où la jeunesse africaine est entendue et considérée dans les politiques publiques.

De la gauche vers la droite : Mme Luna Vital Durand Directrice des Relations avec les ONG Européennes OJUEA ; Mme Lou-Anne Abauzit, Directrice des Partenariats Stratégiques OJUEA ; Mme Selani Hetti , Co-directrice des Affaires Culturelles et Sociales – OJUEA

Conclusion

Nous espérons que nous avons pu démontrer en quoi la transition énergétique pourrait concilier croissance économique et durabilité tout en favorisant l’intérêt d’une jeunesse grandissante. Cette transition nécessite bien évidemment une intervention gouvernementale et la création d’un cadre réglementaire, cependant, pour que cela réussisse, les États africains doivent prendre en compte l’opinion de la société civile et impliquer la population dans le processus de rédaction et d’implémentation de ces instruments juridiques et politiques.

École de Guerre de Paris, 14 juin 2022

La Directrice des Relations avec les ONG Européennes – OJUEA Madame Luna Vital Durand.

La Co-directrice des Affaires Culturelles et Sociales – OJUEA Madame Selani Hetti.

La Directrice des Partenariats Stratégiques – OJUEA Madame Lou-Anne Abauzit.