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M. Gabriel MVOGO, intervention à l’École de Guerre de Paris

« La Jeunesse Africaine face à des Problèmes Sociaux et Professionnels »

Propos introductif de Monsieur Gabriel MVOGO
Président de l’Organisation des Jeunes pour l’Union Européenne et Africaine.

L’employabilité des jeunes en Afrique se caractérise par trois typologies distinctes :

  • Les emplois créés par la fonction publique
  • Les emplois du secteur privé
  • Les emplois du secteur informel

Pour parler de la jeunesse africaine face aux problèmes sociaux et professionnels, il est primordial d’évoquer en préambule la question de sa formation. La formation est le plus grand défaut des pays en voie de développement et, malheureusement, le continent africain n’est pas une exception.

Des années 1950 à 80, la jeunesse africaine, peu scolarisée et moins formée se trouvait dans une spirale continentale des mouvements de libération et d’indépendance. La question de l’employabilité ne se posait pas car le peu de diplômés dans les pays africains avaient tous un emploi. Avec l’évolution des pensées et la mondialisation qui s’en est suivi depuis les années 90 à nos jours, nous observons une grande croissance du taux de diplômés africains, ce qui engendre de nouveaux défis.

M. Gabriel MVOGO et les Officiers supérieurs des armées africaines à l’école de Guerre

Sans se bercer d’illusions, cette croissance est un arbre qui cache la forêt car, malgré un nombre grandissant de diplômés, il existe une inadéquation entre l’offre de formation et la demande du marché du travail en Afrique. Ajouté à cette inadéquation, la forte démographie du continent. En effet, sur le 1,4 milliard d’habitants que compte le continent de l’avenir, 77% sont des jeunes. Dans un tel contexte, cette jeunesse qui devrait être le fer de lance des nations, voire du continent africain est plutôt aujourd’hui, comme “une poudrière dont la garde est assurée par des fumeurs”. C’est autant donc, vous présenter les insuffisances sociétales qui engendrent les problèmes sociaux de cette jeunesse pleine d’énergie et d’imagination.

Nous reviendrons certainement sur les questions sécuritaires dans la région du Lac Tchad, celle du Golfe de Guinée, les grands lacs ou de la Corne de l’Afrique sans oublier la grande zone saharo-sahélienne qui est aujourd’hui le plus grand enjeu de sécurité en Afrique. Vous comprendrez vite que la jonction de tous ces foyers de tensions en Afrique se situe sur la similitude des problèmes sociaux des habitants, manœuvrés dans l’ombre par des professionnels du djihadisme, mais surtout exécuté au grand jour par des jeunes qui sont malheureusement utilisés comme de la chair à canon pour quelques centaines d’euros. C’est donc en cela, que la formation est essentielle pour la jeunesse africaine.

Le manque de formation est donc l’une des principales difficultés rencontrées par les jeunes Africains. Même si le nombre élevé de jeunes dans la population totale représente un potentiel et une force énormes pour les pays africains, leur accès à la formation et à l’accompagnement commercial est souvent très limité. Et pourtant, c’est une jeunesse dont le goût du risque n’est plus à démontrer. Ce manque de formation est un réel obstacle car il place les jeunes dans une situation défavorable dans leur quête d’investisseurs et leurs démarches administratives.

Que faire sur la problématique de la formation ?

Pour combler ce déficit de connaissances, il est nécessaire que les gouvernements, les acteurs publics locaux et les dirigeants du secteur privé encouragent la création d’écoles de commerce, des sciences sociales et qu’une forte mobilisation soit faite autour des filières tertiaires, techniques et d’ingénieries. Ces différentes mesures devront s’accompagner par la mise en place de programmes ou de centres de formation à l’entrepreneuriat. Par exemple, il pourrait être judicieux d’établir des lieux d’incubation afin de fournir à la jeunesse africaine des outils concrets et des ressources appropriées pour réussir professionnellement au sein d’une entreprise ou en individuel.

A gauche : la Capitaine Grace REILLY ; au centre M. Gabriel MVOGO et à droite le Commissaire principal Anthony CONTE

Comment y parvenir ?

Les principes de l’esprit d’entreprise devraient être enseignés aux niveaux inférieurs de l’enseignement afin d’encourager les étudiants dès leur plus jeune âge et de leur donner confiance pour lancer leur société dans le futur.

Une autre menace est le manque de financement accessible aux entrepreneurs africains pour lancer leur entreprise. Cela est sûrement dû à une méfiance des investisseurs qui ne croient pas en la capacité des jeunes africains à gérer leur entreprise avec succès.
A ces investisseurs, les JEUNES UE-UA leur disent, de “baisser la garde”, car les plus beaux succès stories sont celles des jeunes qui ont démarré leur business avec un petit crédit, celui de la ” confiance”.

Grâce à des colloques comme celui organisé par le comité Afrique de cette prestigieuse École de Guerre, nous devons tous lutter contre cette idée fausse, car c’est un préjugé qui empêche les brillants entrepreneurs africains d’atteindre leurs objectifs et de réaliser leurs ambitions. Les États devraient élargir leurs subventions et les banques pourraient mettre en place des prêts plus facilement accessibles pour soutenir les jeunes au tout début de leur parcours entrepreneurial.

II. L’INCERTITUDE GOUVERNEMENTALE

L’instabilité politique dans de nombreux pays du continent africain entrave les initiatives des jeunes. La question de la corruption et le manque de politiques nationales « ÉDUCATION-FORMATION-EMPLOI » à long terme, rendent compliqués la durabilité des créations d’emplois ou d’entreprises jeunes.
Néanmoins, au cours des dernières décennies, des accords de libre-échange ont été signés entre les pays africains pour permettre aux entrepreneurs de développer leurs activités et d’atteindre d’autres marchés régionaux et continentaux.

La délégation de l’OJUEA, honorée par les officiers stagiaires de la 29ème promotion de l’École de Guerre de Paris.

III. LA RESPONSABILITÉ DE L’ÉTAT FACE AUX PROBLÈMES SOCIAUX ET PROFESSIONNELS DES JEUNES EN AFRIQUE.

Le président John Fitzgerald Kennedy avait dit lors de son discours d’investiture le 20 janvier 1961, “Ne demande pas ce que ton pays peut faire pour toi, demande ce que tu peux faire pour ton pays.”

Cette citation, qui a tout son sens, a été reprise plusieurs fois par les dirigeants africains à l’endroit de leur jeunesse. Mais voilà, chers officiers supérieurs, officiers, mesdames et messieurs, le Président Kennedy s’adressait là à une jeunesse américaine, qui, en 1961 disposait déjà d’une meilleure formation, dans un pays en pleine croissance économique avec une industrie performante et compétitive sur le marché international. Il s’adressait à un peuple américain fier de tous ses acquis sociaux, lui permettant de se projeter et de réaliser à n’importe quelle échelle, ledit rêve américain. Pour transposer cette citation sur le continent africain, il faut donner tous les outils de compétences aux 77% de jeunes qui constituent la population africaine. Ainsi, le monde découvrira avec stupéfaction, ce que cette jeunesse pleine d’imagination et de vigueur, fera pour son continent.

Monsieur Gabriel MVOGO SAINTT, Président de l’Organisation des Jeunes pour l’Union Européenne et Africaine – 14 juin 2022 – École de Guerre de Paris