Le 26 août, le président de l’OJUEA, Monsieur Gabriel Mvogo, a été invité par les autorités du Royaume du Danemark à prendre part à une conférence aux côtés du ministre danois pour le Développement et la coopération nordique, Flemming Møller Mortensen, et de Uffe Hvidkaer, fondateur du Think Tank Europe Dialogue, dans le cadre du Political festival of Europe. Les échanges auxquels notre organisation a été conviée concernaient la coopération euro-africaine sur le domaine du développement durable.

Monsieur Mvogo a attiré l’attention des panelistes et du public sur le rôle crucial de l’agriculture dans cette question, soulignant qu’un « ventre vide n’a point d’oreilles ». Face aux problématiques agricoles en Afrique, le président a soumis publiquement les propositions suivantes à l’endroit des autorités européennes :

• Consacrer près de la moitié du budget de l’aide au développement des pays africains à l’unique secteur de l’agriculture (mécanisation, formation et production) ;
• Mettre en place des systèmes de sélections des pays récepteurs d’aides conditionnés à une volonté publique de développement agricole avérée sur la forme et le fond ;
• Contribuer à la construction d’établissements publics d’agronomie ;
• Favoriser la formation des jeunes agriculteurs aux pratiques de l’agroécologie ;
• Raccourcir considérablement le circuit de distribution des subventions envoyées par l’UE aux agriculteurs ;
• Inclure un critère d’inclusivité des petits agriculteurs dans les coopératives locales des pays africains bénéficiant d’accompagnement de l’UE ;
• Mettre en place une politique de fourniture d’engins pour favoriser la mécanisation de l’agriculture auprès des populations rurales ;
• Augmenter le budget de l’Instrument de voisinage, de coopération au développement et de coopération internationale (IVCDCI) ;
• Créer des programmes agricoles incitatifs dans la bande sahélo-sahélienne pour favoriser la pratique de l’élevage et de l’agriculture et pour lutter contre la désertification.

De manière générale, le président de l’OJUEA a invité les autorités danoises et européennes à changer leur regard sur la relation entre l’Europe et l’Afrique. L’Afrique doit aujourd’hui être considérée comme un partenaire égal à l’Europe, pas uniquement comme un pays en attente d’aide extérieure. À ce titre, les solutions écologiques proposées en Europe ne peuvent être simplement décalquées en Afrique. Il faut proposer des solutions locales et identifier les besoins primaires de l’Afrique, tels que l’éducation. Grâce au développement de l’éducation, l’Afrique pourra dessiner elle-même son avenir. Le continent africain doit proposer lui-même des solutions et l’Europe doit l’accompagner dans le chemin qu’il choisira. À ce titre, le président de l’OJUEA a recommandé à la Commission européenne d’envisager une nouvelle voie pour l’attribution d’aides financières à l’Afrique. Rappelant le problème de la corruption en Afrique, Monsieur Mvogo a estimé que les autorités européennes doivent revoir la chaîne d’attribution des aides en soutenant par exemple directement la société civile locale, plutôt que les États, dont il a reconnu l’importance de leur action dans le développement des communautés. Il a également émis l’idée que l’attribution d’aides financières ultérieures devrait être conditionnées à la réalisation pleine et entière de projets antérieurs. Enfin, le représentant de notre organisation a souligné que, pour garantir un transfert de compétences efficace entre nos deux continents, l’Europe devrait assouplir sa politique de visas pour les jeunes Africains qui souhaitent se former chez elle. Pour que l’Afrique soit véritablement considérée comme un partenaire, l’Union européenne doit accepter de pouvoir former sa jeunesse. Répondant à des questions du public, le président a en outre milité pour une plus forte vivacité de l’action européenne en Afrique afin d’éviter la concurrence avec l’influence d’autres puissances.

Le ministre danois présent à cette conférence a totalement adhéré à la vision développée par l’OJUEA, notamment concernant l’importance de l’agriculture dans le développement durable en Afrique. Par ailleurs, son intervention fut l’occasion pour lui de rappeler que le Danemark applique une politique de tolérance-zéro concernant la lutte contre la corruption dans l’attribution des aides danoises à l’Afrique. Il a également plussoyé la proposition du président de notre organisation de mettre l’accent sur le développement de l’éducation en Afrique et d’augmenter la présence européenne sur le continent face à d’autres influences, ainsi que de revoir la politique européenne d’attribution de visas.

Complétant les interventions du ministre et du président de l’OJUEA, Monsieur Hvidkaer s’est exprimé en faveur de l’institutionnalisation de la conférence pour l’avenir de l’Europe, organisé préalablement par les institutions européennes. Il a même émis l’idée d’élargir ce type de consultation à l’Afrique. Il a conclu ses interventions en souhaitant que le Royaume du Danemark joue de son influence pour la mise en place d’un nouvel agenda des relations euro-africaines lors de la présidence danoise du Conseil de l’Union européenne en 2025, année où le Royaume pourrait également être élu au Conseil de sécurité des Nations unies.

Les échanges se sont clôturés par une séance de photos-souvenir et des félicitations de Monsieur le ministre, de Monsieur Hvidkaer et du public pour l’action que mène l’OJUEA.